Voyage au coeur de l'Ile de Room

De retour de Guinée, je vous invite à découvrir mon reportage au coeur d'une mission humanitaire



Humanitaire : Récit de 4 jours passés avec l’association « Une rentrée pour tous » en Guinée.

De colonie oubliée, la Guinée est devenue l’un des états africains les plus controversés, et est classée parmi les 18 pays les plus pauvres de la planète malgré un sous-sol très riche.

La situation de ce pays d’Afrique de l’Ouest  est  malheureusement la conséquence de 24 ans de pouvoir despotique et prédateur exercé par le président Lansana Conté mort le 22 décembre 2008. Suite à l’annonce de son décès et après un long règne marqué par de sanglantes répressions et une gestion calamiteuse, les militaires putschistes ont assis leur pouvoir au lendemain du coup d'Etat, en paradant victorieusement dans les rues de Conakry la capitale, après s'être choisi un chef en la personne du capitaine Moussa Dadis Camara qui semble avoir été  accueilli a bras ouvert par la population.

C’est à cause de ce climat politique instable et des vols aériens suspendus sur le territoire que l’association gruissanaise a du différer son départ prévu initialement le 2 février.   Après avoir constaté en octobre dernier lors de la première opération que le dispensaire était fermé depuis de nombreuses années, Frédéric Blaissa avait promis aux habitants de revenir au plus vite avec pour objectif d’effectuer une collecte sanitaire, faire rouvrir le dispensaire et l’équiper.

Chose promise, chose faite, le dynamique président d’ « Une Rentrée Pour Tous » n’a pas hésité une fois de plus à transformer ses convictions en actions. Et c’est ainsi, que le dimanche 22 mars, après 6h00 de vol au départ de Paris,  l’équipe de bénévoles est  arrivée à Conakry  avec 100 kilos de médicaments, des béquilles, fauteuils roulants, déambulateurs et matériel médical dans ses bagages.

 

















1er jour à Conakry.
Au cœur de la pauvreté

Malgré ses 7,9 millions d’habitants, la capitale ressemble plutôt à un gros village avec ses maisons vétustes et délabrées, ses commerces dans des baraquements de fortune ou dans des containeurs recyclés et ses voitures à bout de souffle.

Conakry crie sa pauvreté, mais jusqu'à quel point ? Difficile d'en juger, car de nombreuses familles qui vivent ici viennent des campagnes et ont gardé l'habitude de vivre dehors et de faire ainsi la cuisine et  la vaisselle sur le trottoir.
Dans la plupart des quartiers, il n'y a ni eau ni électricité et quand il y a de l'électricité c'est le soir de 19 heures à minuit. Partout la mer, avec des plages souillées de détritus divers et une population d’une extrême pauvreté vivant dans des  conditions d’hygiène déplorables. « Une rentrée pour tous » rencontre alors Fadhel Saadi, Franco-Guinéen. Après avoir eu connaissance  de la première action menée par l’association, ce jeune homme d’affaires s’est engagé auprès de Frédéric Blaissa pour financer les  travaux de rénovation du  dispensaire. Fadhel Saadi a respecté  son engagement. Il explique alors  à l’équipe savoir compter sur elle afin d’apporter les premiers soins et  de répertorier le nombre de malades pour pouvoir trouver au plus vite un médecin qui accepterait de s’installer sur l’île. En attendant, il s’engage à acheter « une pirogue ambulance » et à en couvrir tous les frais. L’embarcation sera  confiée à un pêcheur qui pourra à n’importe quel moment procéder aux transports des malades à l’hôpital de Conakry dont les consultations seront également prises à sa charge.  

 


2ème jour.

 

Lundi 23 mars au matin,  l’équipe de bénévoles met le cap en pirogue sur l’archipel de Loos pour se rendre sur la plus petite des îles qui nourrit toujours la légende... Le fabuleux trésor des négriers reposerait quelque part sur l'île de Room, ancien repaire de pirates et de corsaires, attendant qu'un chanceux le découvre un jour. Voilà pour le fantasme. En réalité, c’est un îlot de  deux kilomètres de long sur  350 mètres de large avec  un unique village de pêcheurs composé d’un groupe ethnique musulman et polygame appelé les « Soussou » appartenant à la grande communauté des Mandingues.


 










Après un accueil des plus chaleureux aux rythmes des djembés et balafons, accompagnés des chants des femmes et des enfants qui retentirent aux quatre coins de l’île, Frédéric Blaissa et ses compagnons sont allés saluer comme la coutume le veut Moussa Bangoura, le chef du village. Puis, ils ont visité les malades à leurs domiciles  pour leur  apporter les premiers soins et annoncer à l’ensemble des villageois que des consultations auraient lieu dès l’après midi.  

 

C’est ainsi qu’après avoir déchargé tout le matériel nécessaire, le dispensaire a rouvert ses portes. Les membres de l’association ont reçu en ce premier jour et jusqu’au coucher du soleil une centaine de malades. Ici, 90% de la population est frappée du paludisme et souffre de nombreuses maladies parasitaires. Le paludisme constitue l’un des premiers problèmes de santé publique en Guinée. Il représente la première cause de décès. Les 500 habitants de l’île sont loin d’en être épargnés, une dizaine d’enfants en sont décédés durant ces 5 derniers mois.  Triste constat pour l’équipe qui avec ses petits moyens  a essayé de lutter contre le fatalisme et d’apporter un peu d’espoir à ces insulaires laissés totalement pour compte et dont le manque d’hygiène est responsable de nombreuses autres maladies.

 





3ème jour.

 

Après une première nuit passée au cœur de l’Ile, « Une rentrée pour tous » est repartie tôt le matin au dispensaire devant lequel attendait bon nombre de personnes. Les consultations n’ont cessé de s’enchaîner avec toujours les mêmes pathologies : forte fièvre, problèmes digestifs et gastriques, fractures, gangrène, maladies parasitaires. Puis, en fin de matinée avec la complicité de Moussa l’entraîneur de foot et des instituteurs, l’association a organisé un tournoi sur la plage. Pour ce faire, elle avait ramené dans ses bagages de nombreux maillots, des médailles, des coupes et des ballons généreusement donnés par l’Union Sportive de Vinassan. Un grand moment de fête et de joie durant lequel chacun a pu mettre à profit ses talents de joueurs et où tout le monde en est  ressorti vainqueur. L’après midi fut de nouveau consacrée aux consultations et aux soins à domicile. Sur ces deux jours passés au dispensaire, Frédéric Blaissa et ses compagnons ont reçu près de 200 personnes de tout âge.





 



4ème jour.

 

Mercredi 25 mars, dernier matin sur l’Ile de Room, la mission s’achève. Après avoir salué les élèves de chaque classe et fait un dernier tour au village, les bénévoles d’une « Rentrée pour tous » sont remontés à bord de leur petite embarcation pour rejoindre le port de Conakry. Pour chacun d’entre eux se fut une belle aventure humaine,  fatiguante, trop courte certes mais riches de rencontres  avec des gens « démunis »  vivant  dans des conditions de paupérisation extrême qui ne se plaignent jamais et font preuve d’une joie de vivre à toute épreuve. Une belle leçon de vie et d’humilité d’où chacun est revenu enrichi et grandit.






















Reportage et photos réalisés par Emilie Tovar pour L'Indépendant / Copie et reproduction Interdite

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