Le progrès peut tuer ... la suite

Publié le par Emilie Tovar

 

dépendance

Un tiers des enfants innu se droguent à l'essence.

La plupart commencent à l'âge de cinq ans.

 

progrès

Dépossédés et exclus, bien des membres de communautés indigènes

s'adonnent aux drogues  généralement les moins chères et les plus

accessibles comme l'alcool et l'essence. La santé des individus et des

familles s'effondre. Les bébés naissent atteints du syndrome d'alcoolisme foetal, les enfants reçoivent très peu d'attention de leurs parents drogués, les adolescents suivent le mouvement et les personnes âgées, autrefois respectées, sont exclues par les jeunes générations. Des cycles sont bouclés et ils ne peuvent être brisés en soignant seulement les individus et les symptômes. Car c'est la société toute entière qui s'effondre. Chez les adolescents innu, le fait d'inhaler de l'essence est un problème aigu. Sur le long terme, cette dépendance peut causer des convulsions et des dommages permanents aux reins, aux yeux, au foie, à la moelle épinière et au coeur. En 2000, Charles Rich, un enfant de 11 ans, est mort en s’incendiant accidentellement alors qu'il inhalait de l'essence. Un enfant qui a été témoin de cette mort horrible témoigne :

« Nous avions honte de nous... Nous

avions perdu la maîtrise de nous mêmes.

Nos fils avaient honte de

nous. Nous n'avions aucun respect

de nous-mêmes et rien à donner à

nos fils si ce n'est la violence et

l'alcoolisme. Nos enfants sont

coincés quelque part entre un passé

qu'ils ne comprennent pas et un

futur qui ne les acceptera pas et qui

ne leur offre rien. »

Boniface Alimankinni, Îles Tiwi, Australie, 2006.


dépendance

Des enfants innu exclus en viennent à l'inhalation

d'essence à l’aide de sacs en plastique.

« Mon nom est Phillip. Je suis un sniffeur d'essence. Je

sniffe de l'essence avec mes amis. En hiver, nous volons des  scooters de neige pour leur essence... Je ne rentre pas chez  moi parce que je sniffe de l'essence. Et je sniffe de l'essence  parce que mes deux parents boivent et ça m'énerve. Un jour  Charles a couru vers moi alors qu'il était en feu, mais comme  j'étais en train de sniffer de l'essence et que les émanations  étaient très fortes sur moi, j'ai couru loin. J'avais peur de  m'enflammer aussi. »

 

 

« Nous voulons participer activement aux soins et en avoir le contrôle réel dans nos territoires indigènes, car nous connaissons notre réalité et les besoins des communautés que nous représentons...

Nous
n'acceptons pas qu'une organisation non indigène sans aucune expérience de collaboration avec les Indiens, puisse prendre en main notre santé. »

Leaders indiens brésiliens, 2006.


« Je me sens beaucoup mieux
avec moi-même ici, à la

campagne. Dans la réserve je ne fais que boire... J'aime

être ici. C'est calme. Il n'y a ni alcool ni drogues. »

Jonathan Walsh, Innu, Canada,

2006.


Le cas des Yanomami

Les Indiens yanomami d'Amazonie ont subi un déclin catastrophique dans les années 1980 et 1990 lorsque les orpailleurs ont envahi leur terre, apportant maladie et violence. 20% d’entre eux sont morts en sept ans. L’assistance du gouvernement brésilien n’a pas eu l’efficacité souhaitée : ce dont les Yanomami avaient réellement besoin pour survivre et guérir, c'était leur terre et la maîtrise de leurs propres programmes de santé.

 

« EST-CE CELA LE DÉVELOPPEMENT LORSQUE L’ESPÉRANCE DE VIE DES GENS EST PLUS COURTE QU'AVANT ?

LORSQU’ILS ATTRAPENT LE SIDA. LORSQUE NOS ENFANTS

NE VONT PAS À L'ÉCOLE PARCE QU’ILS Y SONT BATTUS.

LORSQU’ILS SE PROSTITUENT. LORSQUE LES GENS N'ONT

PAS LE DROIT DE CHASSER. LORSQU’ILS SE BATTENT PARCE

QU'ILS S'ENNUIENT ET SE SAÔULENT. LORSQU’ILS SE

SUICIDENT. NOUS N'AVIONS JAMAIS VU CELA AUPARAVANT.

EST-CE CELA LE ‘DÉVELOPPEMENT’ ? »

 

En 1992, après une campagne de 23 ans menée par Survival et la

Commission Pro-Yanomami (CCPY), le Parc yanomami a été créé, donnant à ces Indiens d’Amazonie le contrôle de près de 10 millions d'hectares de forêt tropicale.

Dans le même temps, une équipe médicale indépendante était recrutée pour travailler  étroitement avec les médecins traditionnels yanomami. Ce nouveau projet de santé,  appelé Urihi soutenu par Survival  a réduit la mortalité de moitié. En 2004, le gouvernement brésilien en a pris le contrôle par décret. Les dépenses ont été doublées, mais la maladie est revenue. Dans certaines communautés, les cas de neuropaludisme,

l’espèce la plus meurtière de malaria, ont été  multipliés par quatre. Le système traditionnel de santé des communautés indigènes est éprouvé, testé, et il est moins onéreux que les autres : les organismes de santé doivent respecter les individus et leur savoir traditionnel; les peuples indigènes doivent eux-mêmes être formés à pouvoir donner tous les soins, exceptés les plus spécialisés; et le personnel de santé extérieur se doit d'établir une relation de soutien mutuel avec les communautés dans lesquelles il travaille. Les peuples indigènes qui vivent librement sur leur propre terre et qui décident eux-mêmes de leurs propres vies, sont en bien meilleure santé

que ceux qui ont été déracinés et à qui l'on a imposé le « progrès ». S'ils souffrent de maladies introduites par le monde extérieur, ils ont besoin de soins appropriés, délivrés avec respect et sensibilité. Lorsque le lien avec leur terre et leur identité a été détruit, les peuples indigènes souffrent du racisme et du choc culturel. Le plus efficace de tous les remèdes est de les aider à reconstruire ces liens. Il s'agit là de simple bon sens. Mais le principal obstacle rencontré par les peuples indigènes est la notion archaïque  véhiculée par les gouvernements et de nombreuses organisations d'aide  selon laquelle leur problème résiderait dans une absence de progrès. Or, ce n'est pas le cas....

www.survivalfrance.org

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